MIROIR, Ô MON BEAU MIROIR !

« Il ressemble à un homme qui, 
En s’observant dans un miroir, 
Découvre son vrai visage :
Après s’être ainsi observé, 
Il s’en va et oublie ce qu’il est ».
(Jacques 1 v.23-24). 

« Pasteur, quand j’essaie de lire la Bible, ça m’endort. En plus, j’oublie presque aussitôt ce que je lis. Du coup, ça me décourage, ça ne me sert pratiquement à rien, donc je ne la lis presque plus ». 
 
Voilà bien une réalité à laquelle nous sommes tous confrontés, nous les chrétiens. L’oubli immédiat. La déconcentration permanente qui provoque notre découragement. Bien malin celui qui voudrait prétendre qu’à lui, cela n’arrive pas !
 
Cette chère sœur dont je relate l’épreuve intérieure avec la charge de culpabilité qui l’écrasait, se demandait ce qu’elle avait : un démon, une insuffisance intellectuelle, spirituelle, était-elle anormale ou bête ? 
 
Alors que je l’écoutais, elle ne se doutait certainement pas à quel point je la comprenais. Même si j’aime passer du temps en prière, dans la méditation et l’étude, ce n’est certainement pas une tâche naturelle, une attraction primaire que l’on peut ressentir -mais bien plutôt, il faut se faire violence- car tout est fait dans cette société pour nous distraire. Plus encore, notre nature propre rechigne terriblement à la discipline de la méditation, de la concentration, de la réflexion, qui sont pourtant les voies qu’empruntent la sagesse et la réussite dans nos vies¹.
 
Pour nous aider, le chapitre premier de Jacques vaut bien le temps d’une méditation ! 
 
Ne vous laissez donc pas égarer sur ce point²
 
Alors qu’on se demande souvent pourquoi nous n’avons pas la réponse à nos prières, pourquoi nous n’avons que si peu de temps pour nous engager ou pourquoi le monde a une telle influence sur nous, sur nos familles et sur nos églises, Jacques prend l’exemple d’un homme qui se regarde dans un miroir et oublie aussitôt l’image qui était la sienne. 
 
Un tel homme, une telle femme ne peuvent donc qu’être irrésolus dans leurs convictions, donc dans leurs choix, donc dans leurs décisions, donc dans les résultats qu’ils voudraient obtenir et, Dieu lui-même, serait bien mal inspiré de répondre à leurs prières³, non pas parce qu’il est dur ou qu’il ne les aime pas, mais parce que l’adjectif Grec qu’on traduit par le « doute » a la même racine que le mot « double »⁴. 
 
Pour eux, l’exaucement d’un jour ferait le regret du lendemain. 
 
Sans trajectoire définie, ce qu’ils souhaitent à présent ne sera plus ce qu’ils soupirent de l’avenir. Le dernier qui parlera, la dernière mode, la dernière lubie en vogue dans les réseaux sociaux, dans les écoles, la dernière manipulation politique, médiatique ou philosophique qui arrange les « foules », auront une influence immédiate dans leur esprit et dans leur cœur… N’ayant de ce fait que peu de foi (assurance), l’incertitude aura un libre et facile accès en eux, générant une peur primaire du rejet, qu’aucune force ne saurait brider. Pour se rassurer et percer malgré tout, la société les forcera, par l’indifférenciation⁵, à se soumettre à un mimétisme symbolique⁶ despotique -tout-le-monde pense ça- comme seul moyen d’acceptabilité (preuve⁷) sociale et d’acceptation de soi. 
Car chacun est mené là où ses croyances le conduisent. 
 
Pire encore, une telle personne sera difficilement elle-même puisque ses miroirs -aux alouettes- sont inter-changeants. Qu’une nouvelle lumière (coup de projecteur) s’allume, elle aura la capacité d’éblouir aussi vite ses convictions que de dissimuler ses résolutions. 
 
Assurément… celui qui doute tout le temps ne sait jamais ce qu’il veut vraiment. 
 
Quel est mon miroir ? 
 
Mes émotions sont des miroirs. Ce que je ressens ou ce que je crois de moi-même reflète souvent l’attitude que je vais adopter à mon endroit et à l’endroit des autres. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, elles réfléchiront sur toutes mes attitudes et mes réponses à autrui. 
 
Mes croyances sont des miroirs. « Je pense, donc je suis⁸ » affirmait Descartes qui a fait l’exercice du doute total pour arriver à la conclusion⁹ que la Bible était la véritable lumière. Il est salutaire de savoir penser nos pensées afin d’affiner, d’approfondir, de tester et de vérifier que nos lanternes intérieures fonctionnent à salut dans les labyrinthes caverneux de nos raisonnements. 
 
Mes réseaux sociaux sont des miroirs. En 2021, les Français passaient en moyenne 44 heures par semaine devant les écrans en tout genre (19h devant la TV, 19h sur les réseaux sociaux, et 6h regardant des vidéos online)¹⁰. C’est plus qu’un plein temps… Un tel bombardement d’émotions fulgurantes livrées sans domptage de la langue, d’avis donnés sans expertise, de jugements prononcés sans enquête préalable, de colères exprimées sans filtre, peuvent-il me laisser indemne ? 
 
« Miroir, ô mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? », questionnait chaque matin, la reine de « Blanche-Neige », qui ne souffrait aucune concurrence¹¹... 
 Ma Bible est aussi un miroir. C’est probablement le meilleur miroir pour mon cœur. Elle reflète si bien la lumière du Père des lumières¹², qu’elle est certainement la seule voie de secours pour mon âme. C’est l’endroit qui peut me calmer, m’enseigner à brider mes émotions et ma langue¹³, donc à ne pas aggraver ma situation. Elle est incontestablement le moyen le plus efficace¹⁴de ma correction mais de ma consolation aussi, celui de mon apprentissage de tous les sujets et défis de la vie mais aussi celui des encouragements de Dieu pour moi. 
 
Mais si Ma Bible est la Lumière, elle est une lumière intérieure suffisamment tamisée pour n’être qu’une invitation, une incitation, une douce attraction, incapable de frustrer mon libre arbitre ou d’aveugler mes yeux curieux : Une lumière qui saura éclairer mon sentier¹⁵…. en me révélant -pour que je m’en défasse- la photographie de la pollution du monde¹⁶.
 
« Ne pouvez-vous pas passer une heure avec Moi¹⁷ ? » 
 
Avec amour, Freddy De Coster